- Aube -

Le brouillard s'était levé, le ciel était d'un bleu pastel.
Le paysage était encore endormi.
Il faisait frais et humide.
Les premiers rayon du soleil vinrent se poser sur les brins d'herbes brillants de rosée.
Puis sur une silhouette argentée, brillante de mille feux grâce à la réverbération du soleil sur les gouttelettes qui la recouvrait.
Edelwyn ouvrit légèrement les paupières, le soleil dans la figure, aveuglée, elle ronfla doucement.
Elle laissa le soleil la secher, paresseusement.
Elle avait mal dormit et son corps était engourdi par le froid et la position prolongée.
Dépliant lentement ses membres, Edelwyn étira son encolure puis d'un coup de reins, elle se leva pour s'ébrouer.
La jument grise lècha quelques brins d'herbe pour se rafraichir.
Elle était seule, tout allait bien.
Pour l'instant.

Et puis au loin, sur le versant de la vallée encore plongée dans l'ombre,
les pas silencieux dans l'herbes humides, s'avance un étalon bai.
Je viens d'arriver et je ne connais rien ici... ou si peu.
J'ai repéré quelques lacs, rivières, montagnes et plaines...
J'ai constater quelques phénomènes étranges et voici qu'une vision m'apparait...!
Ce n'était pas une vision, mais une magnifique jument d'un gris clair, pur.
Et l'étalon se dirigea lentement vers la jument, marchant jusqu'à ce que le timide soleil matinal vienne effleurer sa robe sombre de ses tièdes rayons.

Tâche sombre dans le matin.
Edelwyn couche ses fines oreilles et recule.
La crainte de ses semblables ne s'est pas envolée.
Qu'il ne l'approche pas.
Mais il avance vers elle.
La jument grise montre les dents, recule toujours.
Ses muscles sont bandés, elle est prête à prendre la fuite.
Edelwyn fait un écart sur le côté, repère toutes les directions d'échapatoire.
Qu'il s'arrête maintenant.
Mais il avance toujours.
La jument se cabre à demi, qu'il cesse de s'approcher.
Le regard doré et inquiet d'Edelwyn se braque dans celui de l'inconnu.

Recule

Belle et sauvage.
L'étalon bai s'arrête, incline la tête et recule, selon les souhaits de la jument.
Il n'est ici ni pour se quereller ni pour effrayer qui que ce soit.
Ses pas sont dignes des reculés des meilleurs chevaux d'écoles dressé par les humains...
Ils sont également humbles et silencieux, souples.
Il s'arrête et immobile, attend.

La jument blanche écarquilla les yeux de surprise.
Il semblait avoir compris et avait obtempéré.
Edelwyn fit claquer sa queue et recula toujours plus.
Elle voulait fuir au plus vite cet endroit, retrouver la solitude.
L'angoisse d'être aux côtés d'un de ses semblable était toujours présente.

Lorsqu'elle jugea avoir mis une distance sufisante entre elle et l'étalon,
Edelwyn fit volte face et courut aussi vite qu'elle put, traversant la vallée, sa queue et sa crinière argentée brillants dans la douce lumière du matin.
La jument blanche, telle une étoile filante sentait ses foulées s'accélerer, toujours plus.

Folie serait de galoper à la suite de la jument.
Pourtant l'étalon était intrigué.
Et lui avait été seul si longtemps, il n'arrivait pas à accepter que sa première rencontre lui file aussi vite entre les sabots.
Mais elle semblait effrayée... il ne voulait pas lui faire peur d'avantage.
Il voyait sa silhouette argentée, loin déjà...
Il prit le trot.
Tu es fou...
Puis finalement bondit au galop à la suite de la belle.
-Attends !

Edelwyn avait une bonne avance.
En sentant qu'il s'était élancé à sa suite, elle accélera encore.
Les oreilles plaquées, elle dérapa brusquement pour changer de direction lorsqu'un cri retentit à ses oreilles, recouvrant le bruit de sa course.

- Attends ! -

Curieusement, la jument grise ralentit.
Si il lui disait simplement d'attendre, ce n'était probablement pas pour l'attaquer.
Si oui, il était vraiment vicieux...
Edelwyn repassa au trot, l'air méfiant.

La voyant ralentir l'étalon en fit de même et repassa au pas pour permettre à la jument de garder son avance, qu'elle comprenne ainsi qu'il ne lui voulait aucun mal.
Il se rendit compte qu'il était un peu essoufflé, chose étrange lorsque l'on voyait le peu de distance qu'il avait parcouru...
Restant toujours distant il déclara d'une voix qui lui parut être amicale :
-Et moi qui me croyais être une flèche... bon sang tu es rapide !

Edelwyn s'arrêta.
L'herbe haute venait lui chatouiller les genoux.
Elle regarda avec méfiance l'étalon s'adresser à elle comme à une vieille amie.
La jument grise haussa les sourcils.
Etait ce une ruse ?
Edelwyn n'étant pas d'une nature paranoïaque, elle consentit à pousser un petit ronflement.
Oui elle était rapide.
Elle se souvenait l'avoir toujours été.
Elle voulut répondre quelque chose d'amical mais ne trouva rien.
Aussi resta-t-elle silencieuse, à fixer des ses grands yeux dorés l'étalon bai.

L'étalon s'arrêta à son tour et resta muet devant la jument farouche.
Il l'observa sans indiscrétion puis déclara
-Je suis désolée si je t'ai fais peur... ce n'était pas dans mes attentions.
Il parlait d'un ton neutre, le visage sans expression particulière.

Edelwyn cligna lentement de ses yeux d'or.
Simple acquiescement, simple signe.
Cela faisait si longtempsq u'elle n'avait pas parlé.
Elle ne savait pas quoi dire, plusieurs mots venaient à son esprit,
mais s'évanouissait avant qu'elle ait le temps de les prononcer.
La jument blanche resta encore quelques instants immobile,
puis, elle reprit sa marche, se demandant ce que l'étalon attendait d'elle.
Sa méfiance était toujours présente.
Elle avait plus de mal à s'en défaire face aux étalons.
Edelwyn glissa un regard ambré à l'étalon.
Allait il encore la suivre ?

L'étalon n'osa pas.
Il resta là où il était.
Son comportement était si étrange...
Il aurait aimé croisé quelqu'un avec qui une certaine complicité ce serait de suite installée, car pour lui rencontrer une jument ou un étalon signifiait se présenter... chose qu'il ne pouvait faire.
Ainsi s'était-il adressé à la jument comme s'il la connaissait déjà...
Mais elle restait distante.
Il ne s'en formalisa pas, un passé forge un caractère, le passé de la belle était peut être peuplé d'horreur dont il n'avait pas conscience lui.
Il marcha finalement à sa suite.
-Oh s'il te plait ne me laisse pas seul ici...
Il s'étonna lui même de l'intonation de sa voix, on aurait dit un poulain perdu.

Edelwyn s'arrêta, une fois de plus.
Ses yeux dorés pétillaient de surprise.
La deuxième fois que la voix de l'étalon la retenait.
C'était une sensation étrange.
Comme si quelqun finalement voulait qu'elle soit là.
La jument blanche poussa un léger ronflement.
On ne la repoussait pas.
Plus de comportement hostile, de mots acerbes et de coups violents.
Edelwyn attendit que l'étalon l'eut rejoint.
Pas trop près.
Elle se remit en marche, se demandant si elle devait dire quelque chose.
Pour l'instant ils marchaient ensemble.
Pas trop près.
Edelwyn se méfiait encore mais, paradoxalement, elle était contente.

L'étalon bai marchait tranquillement respectant la distance entre lui et la jument.
-Je suis étonné de voir tant de méfiance en une jument si jolie... quoique je pourrais certainement comprendre.
Quoiqu'il en soit, sache que je n'ai pas de mauvaise intention.
Si de confiance ton coeur est encore capable, en moi tu peux la placer.
Il avait d'abord parlé plus pour lui, murmurant. Puis avait prononcé avec douceur ces derniers mots à l'attention de la belle.

Edelwyn haussa un sourcil.
Etait elle tombée sur un beau parleur ?
En tout cas, celui-ci parlait pour deux.
Cette pensée la fit sourire intérieurement.
Cependant, l'étalon avait l'air sincère.
La jument grise poussa un petit ronflement.
Puis quelques mots franchirent ses lèvres.
Une voix mélodieuse et douce.

Edelwyn était habituée à être tutoyée.
Aussi ce n'était pas par irrespect qu'elle disait "tu" à l'étalon.
Juste une vieille habitude qui avait survécut...

Instantanément l'expression de l'étalon se durcit.
Il marcha les paupières closes et crispées.
Un pas...deux... trois...
En posant le quatrième sabot au sol il ouvrit le yeux et inspira profondément et déclara avec calme, bien que son passé brûla en lui
-Je n'en ai pas.
Il leva son regard, alors fixé au sol, sur la jument. Son regard noir attendant de croiser le sien.

Regard noir qui heurta celui de la jument.
Infiniement clair.
Neutre.
La jument grise acquiesca en silence.
Que répondre à cela ?
Edelwyn n'était qu'une débutante en relation sociale...
Mais ses yeux parlaient bien mieux

Pourquoi n'en choisis tu pas un ?

L'étalon fut surpris par l'idée. Ses yeux s'agrandir alors qu'il pensait aux paroles de la jument.
Cela ne lui avait jamais traversé l'esprit, aussi simple que soit cette idée pourtant.
Il répondit finalement avec neutralité
-J'ai finalement beaucoup de nom. Mais m'en donner un moi même... c'est une étrange idée. Je préfère laisser libres les autres de me nommer à leur guise... ainsi le nom qu'il me donne est à l'image de ce qu'il pense de moi...
Il se tut. Humain, il aurait haussé les épaules.
Il demanda enfin
-Et toi, quel est ton nom ?

Edelwyn acquiesca une nouvelle fois aux paroles de l'étalon.
A sa question, elle hésita.
Elle avait souvent mentit sur son nom.
Mais pour l'instant, elle ne voyait pas pourquoi elle ne le dirait pas.
Après tout, l'étalon lui avait été franc avec elle.

L'étalon sourit.
-Edelwyn... un nom à l'égal de ta beauté.
Il parlait simplement.
A ses yeux, ses mots n'avait rien d'une tentative de séduction ou quoique ce soit.
C'était la simple vérité, un beau nom pour une belle jument par une fraîche matinée.
C'est ce qu'il avait sous les yeux, pourquoi vouloir masquer ce qui est si simple à voir ?

La jument ne répondit rien.
Elle se sentit s'empourprer.
Personne ne lui avait jamais dit quelque chose de la sorte.
Edelwyn n'avait jamais vraiment plu aux étalons du moins elle n'en avait pas conscience.

La jument grise se sentit obligée de répondre quelque chose aussi bredouilla-t-elle quelqun chose d'inintelligible avant de se replonger dans le silence.
Elle secoua la tête, agacée par son désapointement.
Changer de sujet...
Mais que dire ?

L'étalon répondit de cette même voix posée, grave.
-Je suis arrivé ce matin.
Il et une pensée furtive pour tout ce qu'il avait laissé derrière lui, puis ajouta un simple et banal :
-Et toi ?

Edelwyn mit un peu de temps à répondre.
Come si elle doutait de la répnse.
Elle était arrivée dans un triste état...

- Depuis avant-hier soir... -

Le bai fronça les sourcils devant son hésitation à répondre.
Il ne dit rien cependant, bien qu'il aurait voulu en savoir plus ;
d'où venait-elle , pourquoi ce manque de confiance évidente envers ses semblables ?...
Il garda ses questions pour plus tard.
-Je vois... tu as fait long voyage et comme moi tu découvre.

Edelwyn acquiesca en silence.
Les deux chevaux marchaient toujours.
La jument grise poussa un petit ronflement.

- Et... Tu comptes rester ? -

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