Carpe Diem - Libre

Je m'avanca tranquillement sur les terres de la vie.
Cet endroit calme m'inspirait la solitude.
La vaste prairie était baignée de lumière.
Le soleil alla bientôt entamer sa descante
Plongeant le monde dans l'obscurité.
Mais en attendant, je marchait dans l'herbe souple.

Harrassant... Epuisant...

Iris galopait depuis de longues heures. Au début de son voyage, son allure était souple, malgré les dures conditions de vie dans lesquelles elle vivait. Mais la fatigue, la faim et la soif se faisait sentir. Souvent la petite jument trébuchait sur le terrain inégal. Iris avait d'ailleurs chuté : un de ses genoux saignait, souillant la balzane d'un rouge vif.

Mais pourquoi continuait-elle à galoper ainsi ? La peur. Les souvenirs. Iris fuyait tout ce qu'elle avait connu : les hommes, la douleur, la colère. Elle avait peur. La jument tentait de mettre le plus de distance entre elle et ces satanés bipèdes.

Alors qu'elle repassa au trot, à bout de forces, Iris remarqua un changement flagrant de paysage : la température était plus douce, le vent moins fort, le sol couvert d'une herbe tendre. Légèrement plus rassurée, elle repassa au pas, reprenant doucement son souffle. Le coucher de soleil joua dans les reflets de sa robe, tandis que la petite jument ralentit son pas.

J'apercut alors la jolie petite jument brune.
Elle avait l'air épuisé. Mais je n'allai pas la voir.
Si elle voulait de la compagnie, elle pourrait venir. Je n'étais pas "fermé" !!
Bref je continua ma marche silencieuse, observant les alentours, sous ce soleil couchant.

Au fur et à mesure du temps qui passait, le souffle d'Iris était moins court. Plus lent, plus régulier, la petite jument brune récupérait.
Un mouvement attira son regard : au loin, un cheval blanc marchait. Intriguée, la Welsh leva la tête vers l'horizon et huma les effluves qui parvenait jusqu'à elle : le cheval était un mâle, elle en était sûre.
Encore angoissée, elle ne sut faire un choix : devait-elle ou non approcher ?
Légèrement farouche, bien qu'elle ai besoin de compagnie, Iris resta immobile, la queue agitée d'un balancement qui traduisait le doute. Puis, secouant sa tête, Iris marcha lentement en direction de l'inconnu.

Voyant la belle jument approche, Diem pointa les oreilles.
Son souffle presque silencieux, l'oeil pétillant, il s'avancai aussi. Il se sentait si bien dans ce lieu calme, qu'il eus une soudaine envie de jouer tel un poulain !! Mais il se retint quand même, jetant a nouveau un regard a la jument...Pour qui le prendrait-elle ?!!!

A quelques mètres du cheval blanc, Iris s'immobilisa. Elle le fixait, sans peur ni agressivité. Elle se contentait de le regarder, sans rien dire. Le coucher de soleil illuminait la robe du cheval blanc de nuances rouges, orangées, éclairant ses yeux d'un bel éclat. Mais la petite jument ne bougeait pas, mi-curieuse, mi-méfiante. Elle se contenta de garder le silence, laissant sa queue se balancer lentement dans la brise.

Visiblement, la jument ne parlait pas...
Heureusement, car Carpe Diem ne l'aurait pas entendu.

Il s'approcha aussi puis s'immobilisa devant elle.
D'un geste de l'encolure, il la salua.

Le problème de la surdité était qu'elle était suivie d'un muétisme.
L'étalon avait donc de plus en plus de mal a parler...

- Bon...our.

Iris, à la vue de cette marque de respect, imita son congénère. Ce qui ne l'empêchait pas de le fixer de son regard brun. Lorsque l'étalon se mit à parler, Iris fut franchement surprise. Elle ignorait totalement la raison de cet handicap, aussi répondit-elle sans se douter de la surdité du beau cheval blanc :

- Bonjour.

Les petites oreilles blanches de l'étalon pivotèrent dans tous les sens, indiquant à la belle petite jument brune, qu'il ne pouvait comprendre...
Il baissa la tête et une larme roula sur sa joue avant de sécraser au sol. Dans le creux de ses oreilles, on pouvait encore voir une marque de sang séchée ainsi qu'une trace de coup de sabot....

Oui Carpe Diem avait était endu sourd par un adversaire, mais cela ne l'avait pas empéché de tuer ce dernier...Et de protéger son troupeau. Le bel espagnol blanc releva la tête et montra a la jument cette fameuse trace aux oreilles... Espérant qu'elle comprendrait.

A la vue de la blessure, Iris comprit. Bien qu'elle soit choquée, elle ne laissa rien paraître. Elle hocha la tête, montrant qu'elle avait comprit. Elle fut touchée de la tristesse de l'étalon blanc. Iris s'imagina sourde : ne plus entendre le vent dans les arbres, les oiseaux chanter à l'aube, les grillons chanter le soir venu... A cette seule pensée la petite jument fut horrifiée.
Bien qu'elle resta physiquement distante, Iris eut un regard plein de compassion. Elle espérait que ça, il comprendrait...

L'étalon blanc esquisa un sourire.
Comment vivre sourd ?
Comme tous le monde...
Ou tout au moins, on essaie.

Le beau blanc fit un pas en avant.
Son sourire s'effaca doucement.
Puis il murmurra...

- Carpe...Die...m

La voix saccadée de l'étalon fit frémir les oreilles brunes de la jument.
Elle hocha la tête pour montrer qu'elle avait compris.
Mais maintenant, comment faire comprendre à l'étalon son propre nom ?
Elle se creusa la tête, et finit par trouver : elle cligna rapidement un oeil et d'un geste de la tête elle fit un rond :
l'iris de l'oeil, c'est ce qu'elle voulait lui faire deviner. Elle secoua ses oreilles et attendit la confirmation de l'étalon blanc.

Tout d'abord l'étalon ne comprit pas.
Mais il se creusa le cerveau...
Un rond, un oeil qui cligné ?

- I..ri..s ?

Iris eut un faible sourire, puis elle hocha la tête en signe de confirmation.
Alors qu'elle reporta son regard brun en direction du soleil couchant, elle réfléchit. Jamais de sa vie elle n'avait rencontré de cheval sourd. Ou même un animal d'une autre espèce. Iris ressentait avec compassion et horreur ce que ressentait l'étalon d'une blancheur éclatante, mais d'un côté, ce langage plus gestuel que verbal apportait autre chose dans une relation, aussi superficielle soit-elle. Iris dirigea brièvement son regard vers l'étalon. Elle l'observa. Il était plus grand qu'elle, sans être immense. Des muscles très arrondis... une crinière légèrement ondulée et fournie... Un chanfrein rectiligne... L'étalon blanc qui se tenait à côté d'elle, Carpe Diem, était un cheval d'origine ibérique, originaire d'une terre bien lointaine à celle où était née la petite jument brune. Avec un pincement au coeur, elle repensa à ses jeunes années, chassant rapidement ses pensées de son esprit.

L'étalon souria.
Il était content de rencontré un cheval ici.
Car il se sentait parfois si seul, enfermé dans ce monde du silence...
Il observa un instant le ciel devenu bien sombre.
Puis il reposa son doux regard sur Iris.

- Tu es làà...depuis...ontemps ?

Elle secoua doucement sa tête de droit à gauche : non, elle venait à peine d'arriver, d'un long voyage qui l'avait d'ailleurs bien fatigué.
Quelques secondes encore, elle laissa un silence s'installer, puis elle désigna Diem. Et lui ? Etait-il ici depuis longtemps ?
La petite jument brune se le demanda. Avec un brin d'inquiétude, elle sentit la température baisser. Elle était affaiblie, et elle chercha d'un regard un abri pour la nuit.

L'étalon souria puis fit aussi non de la tête.
S'ils avait été a la plage, ils aurait pu écrire sur le sable !
Mais dans l'herbe, c'était plus délicat !!!
Voyant la jument chercher quel'que chose des yeux,
Il comprit en encaissant un frisson...
Il apercut alors une espèce de grotte dans un coin de la prairie.
Il la montra de la tête à iris,
Puis se dirigea vers elle.

Iris suivit d'un regard vif la direction indiquée par l'étalon blanc. Dans la pénombre naissante, elle vit une tâche noire, béante : l'entrée d'une grotte. Se retournant vers Diem, elle eut un faible sourire, puis d'un pas qu'elle voulait rapide, Iris se dirigea vers la grotte, surveillant de temps en temps si l'étalon ibérique la suivait.
Un vent frais se leva, soulevant les crinières des deux chevaux. Les arbres se mirent à frémir : rien dans la plaine ne pouvait stopper le vent, et Iris craignait que la météo ne se dégrada. Mais pour cette nuit au moins, elle allait être à l'abri tout en faisant connaissance avec Diem.

L'étalon suivit la jument brune.
Il se placa a ses cotés.
Il se sentait bien avec elle.
Et pour une fois il n'y avait pas de pitié
Dans le regard d'un cheval...

(Iris ?)

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